Social Robotics
Diorama : Structure en bois, sable teinté et charbon.
Éléctronique : Raspberry-Pi, circuits imprimés et PMMA.
100x50x20 cm
Sorrow est un objet connecté, un bot Twitter exactement. Ce dernier a comme tâche de parcourir le flux d’information et de filtrer parmi celui-ci les messages postés en hommage à une personne décédée. À chaque fois qu’il en trouve, il émet un signal. Ce signal allume et diffuse un éclat de lumière à travers une de ces pierres tombales. Mais à l’inverse d’un cierge qui lentement se consume, son étincelle s’éteint immédiatement, à l’image de ces pensées perdues dans cette boucle infinie d’instants incandescents. Le réseau social apparaît alors comme un lieu de mémoire paradoxal dans lequel coexistent ceux qui ne sont plus et ceux qui sont encore. Des profils de personnes mortes continuent à être alimentés par d’autres qui tentent d’en conserver la mémoire.
Ce dispositif prend ainsi la forme d’un diorama, comme un cimetière diminué, sans fleur, où seul le relief dans le sable noir indiquent l’emplacement des sépultures. Au sol, il encombre timidement l’espace. Son format, comme la taille de la fosse qu’on prévoit pour celle d’un enfant bouleverse les rapports d’échelle. Une mise en scène où se confond de manière simultanée la miniaturisation de l’idée de technique et de l’idée de nature. Alors, le paysage se réduit quand, en même temps, les circuits imprimés, sans peau et à l’air libre, incarnent le squelette même d’un objet, celui d’un sanctuaire technologique.
Sorrow (tristesse en anglais) est un témoin physique de nos rituels funéraires à l’heure du numérique, comme une tentative désespérée afin de sublimer la vacuité de ces données. Sorrow, c’est aussi So Robotic, comme la vallée de l’étrange, c’est le trop qui dérange et encombre quand survient le sentiment de saturation face à la prouesse technique. Sorrow, c’est surtout le miroir social quand la mort nous impose le recueil dès que l’on cache quelqu’un sous terre et que survient le besoin primaire de penser à lui afin de l’imaginer à nouveau. L’imaginer pour mieux le fuir, pour confirmer qu’il est bien mort et que nous sommes toujours vivants.