Aujourd’hui, c’est avec une facilité déconcertante que nous accédons au réseau. La connexion instantanée est devenue pour la majorité d’entre nous une évidence, un pressant besoin et ce nouvel usage implique de manière inévitable de nouveaux équipements. Chez nous, dans le plus intime des espaces, il y a désormais ces petites boîtes (les box) qui donnent timidement l’heure, qui acheminent surtout ces ondes invisibles. La forme suit belle est bien la fonction. Ces boîtes prennent ainsi et avec une récurrence certaine, l’apparence de petits rectangles de couleur noire comme pour se fondre au mieux dans les recoins de nos pièces et se soustraire aux regards.

Alors progressivement, on les oublie.
À ce jour pourtant, sans elles, nous serions perdus.
Demain encore, nous leur serons toujours fidèles.

Mais n’y a-t-il pas d’après ce constat, un territoire d’imaginaire inexploité afin d’actualiser la représentation de cet objet, de souligner l’importance que nous lui donnons de manière quotidienne, de dépasser l’analogie médiocre qui s’opère entre virtuel et dépouillement pour en faire, au contraire, un objet sacré et ornemental, un autel, comme un point d’accès potentiel à la part de mystère qui émane des appareils de transmission et des protocoles de communication?

La réponse formelle devient manifeste. Nous pouvons ainsi trouver, dans la figure de l’ange et du routeur, ce même rôle d’intermédiaire : celui qui respectivement transmet les messages entre Dieu et les hommes, entre Internet et nos ordinateurs. Dès lors, c’est une autre relation qui s’établit. Une de celle qui transforme la banalité d’accès au réseaux en un fait miraculeux et vous savez comme moi qu’il n’est pas rare, un jour de coupure, de voir quelques mains se rapprocher et quelques genoux se mettre à terre. Désormais devant lui, nous serons peut-être un peu plus légitimes dans nos nouvelles dévotions.